Canada. À l’heure où tu lis ce mail, je suis dans un van quelque part au milieu d’un Parc National à randonner et observer la faune locale.
C’est un voyage dont je rêve depuis mes 12 ans et un documentaire trouvé par hasard sur Internet.
“Plus tard j’irai vivre au Canada !” je disais à mes parents. Aujourd’hui, j’y suis pour 3 mois. On verra pour la suite.
Si je te parle de ça, c’est parce que ce voyage m’a beaucoup fait réfléchir à une question cruciale :
Pourquoi est-ce que je fais tout ça ?
Pourquoi est-ce que je travaille, pourquoi est-ce que je suis freelance, pourquoi est-ce que j’ai choisi de travailler avec tel ou tel client.
C’est drôle, parce qu’on pourrait croire que les réponses à ces questions sont évidentes.
Mais si tu y penses, tu réalises qu’à force d’avoir la tête dans le guidon, tu finis par oublier pourquoi tu fais ce que tu fais.
Je t’écris cet email le 18 mai à 11 h 30 (et je le corrige le 19 mai à 9 h 53).
Dans une heure, j’aurai fini de travailler, j’irai préparer ma valise et rentrer chez mes parents avant le décollage dimanche 22.
Si je peux arrêter de travailler si tôt quand j’en ai besoin, c’est parce que toute mon activité est conçue pour m’accorder le plus de flexibilité possible :
Je ne prends presque plus aucun appel.
Je travaille à 100% en asynchrone avec mes clients.
Je garde énormément d’autonomie dans mes missions.
Je m’assure de bosser avec des clients qui ne vont pas m’envoyer 45 messages/jour.
Ce qui compte le plus pour moi, c’est de garder cette flexibilité et cette liberté au quotidien.
Mon activité est au service de ma vie. Pas l’inverse.
C’est ça, la raison pour laquelle je travaille.
Alors peut-être que tu trouves ça un peu trop philosophique, peut-être que ça sonne développement personnel à deux balles.
Mais je vois au moins 3 raisons pour lesquelles tu devrais absolument te pencher sur cette question et comprendre pourquoi tu travailles :
Tu arrêtes de te comparer.
Une fois que tu sais pourquoi tu travailles, te comparer n’a plus de sens parce que les autres ne sont pas sur la même trajectoire que toi.
Pendant longtemps, j’avais l’impression d’être en compétition avec les autres copywriters.
Je devais avoir plus d’abonnés que sur LinkedIn, faire plus de CA, avoir plus de recommandations.
Tu t’en doutes, rien de bon ne sortait de cet état esprit : je n’appréciais pas assez mes succès et je jalousais leurs accomplissements.
Et puis, à force de discuter avec eux, j’ai compris qu’ils ne travaillaient pas forcément pour les mêmes raisons que moi.
Et que même s’ils faisaient plus de chiffres que moi, je préférais mon footing à 15 h à leur semaine de 60 h ou à leur addiction à LinkedIn.
Ce n’est pas un jugement de valeur, on est simplement pas sur les mêmes rails. C’est ok.
Mais en prendre conscience me permet de me concentrer sur moi-même et d’apprécier ce que je fais.
Tu sais quand dire non.
Tu peux trouver ça triste, mais si tu ne sais pas quelles valeurs sont importantes pour toi au moment de prendre une décision, le critère qui fera toujours pencher la balance…
C’est l’argent.
Si l’on te propose une belle opportunité extrêmement rémunératrice, c’est tentant de dire oui en pensant que tu sauras mettre de côté les points négatifs.
Je le sais, j’ai déjà fait cette erreur.
Mais l’argent, ça se perd, ça se regagne.
Le temps perdu à travailler sur un projet qui ne t’intéresse pas, voire pire : avec des personnes qui te stressent et te font te sentir mal ?
C’est gâché à tout jamais.
Le client dont j’ai le pire souvenir m’a rapporté 2250 € de chiffre d’affaires.
Je serais prêt à rendre cet argent sur le champ si ça me permettait de récupérer les 3 mois pourris que j’ai passés à bosser avec lui.
Et si à l’époque j’avais réfléchi à sa proposition sous l’angle “Est-ce que cette mission me permet de prendre du plaisir à travailler et de limiter le stress dans mon activité ?”
Il est très probable que j’aurais dit non.
Tu sais de combien tu as besoin.
Savoir pourquoi tu travailles, c’est aussi savoir pour combien tu travailles.
C’est-à-dire, de quel montant tu as besoin tous les mois pour maintenir un train de vie qui te convient.
Aujourd’hui, je pourrais prendre plus de clients, travailler 2 fois plus, monter une équipe de copywriters.
J’ai failli le faire en novembre 2021. J’ai tenu 3 semaines avant de me dire que c’était pas du tout fait pour moi.
Je sais à quoi je veux que mes journées ressemblent, et ça n’inclut pas des heures derrière un ordinateur à enchaîner les calls Zoom.
Alors oui, en novembre j’avais fait un mois excellent niveau CA.
Mais le souvenir que j’en garde, c’est beaucoup de stress et d’heures passées à faire des trucs que j’aime pas spécialement en face d’un écran.
Donc même si je me prive sans doute de quelques milliers d’euros supplémentaires tous les mois, je vis très bien sans dans la mesure où mes revenus actuels couvrent largement mon train de vie.
Si je peux doubler mon CA sans doubler mes problèmes et ma charge mentale, tant mieux. Mais c’est pas spécialement un objectif.
Pour en arriver là, le meilleur conseil que je peux te donner, c’est de faire un budget. Pose-toi sur une feuille et demande-toi de combien tu as besoin tous les mois pour vivre comme tu l’entends.
Fais les calculs et trouve un chiffre.
Une fois que ton activité te permet de toucher ce chiffre-là tous les mois sur ton compte en banque, tu peux devenir beaucoup plus sélectif sur tes prochaines opportunités.
Parce que tout ce qui vient après ? C’est de l’argent dont tu n’as pas fondamentalement besoin.
S’il peut rentrer, tant mieux. Mais à condition que ça remette pas en cause tout ce qui te rend heureux dans ton travail.
Je suis pas coach de vie, si tant est que ce métier existe.
J’ai pas de méthode pour te permettre de trouver la réponse à la question “Pourquoi tu fais tout ça ?”.
D’ailleurs, la réponse que j’ai aujourd’hui n’a peut-être rien à voir avec celle que je te donnerai dans 10 ou 15 ans.
Mais si en lisant cet email j’ai pu te donner envie de creuser la question et de sortir la tête du guidon, c’est déjà une victoire.
À très vite,
Sami 🇨🇦
PS : Si tu es sur Montréal en ce moment, envoie-moi un mail ! Je le verrai à partir de lundi prochain et on s’organisera pour aller prendre un café !