Manger de la salade ne te fera pas courir plus vite
Comment j'ai arrêté de me prendre la tête avec l'alimentation en course à pied
Hello ! La forme ?
Bienvenue dans cette édition #29 du Club des Athlépreneurs !
Beaucoup de nouveaux inscrits sont arrivés sur la newsletter cette semaine (merci).
Je voudrais en profiter pour republier une édition rédigée au mois de novembre mais qui me tient vraiment à cœur.
Si tu l’as déjà lu, je l’ai intégralement corrigé et mise à jour donc tu auras probablement quelque chose de neuf à y apprendre.
Mon expérience malsaine avec la nourriture en tant que coureur :
Je n’ai passé que 10 mois en club d’athlétisme, entre septembre 2018 et juin 2019. Ça a suffit pour transformer mon rapport à la course à pied et me faire tomber amoureux de ce sport.
Je suis sorti différent de cette expérience. En mieux, pour l’immense majorité des choses… Mais en pire sur un sujet précis : mon rapport à l’alimentation.
En une saison, j’ai accumulé un paquet de croyances stupides et potentiellement dangereuses, mais avant ça : disclaimer ⚠️
Je ne suis ni médecin, ni nutritionniste.
Tout ce que je te partage n’est pas un avis médical mais simplement le fruit de ma propre expérience et de mes lectures sur le sujet.
Si tu as un doute ou une question, tourne-toi vers un professionnel de santé.
Voilà, comme ça je suis tranquille. On continue ?
La course à pied (comme d’autres sports d’endurance) entretient un rapport malsain avec la nourriture.
Il suffit de mettre les pieds dans un groupe de coureurs pour entendre rapidement ce genre de phrases :
“Je serais plus rapide en perdant 2-3kgs”
“Untel est vraiment gaulé comme un coureur, pas moi”
“J’ai de trop grosses cuisses, je ressemble pas à un coureur”
Pour te remettre dans le contexte, j’arrive en club d’athlétisme à 17 ans avec une confiance en moi très faible.
Dès les premières séances, je réalise que je suis le coureur le plus nul du groupe et je vois les coureurs rapides du club comme des demi-dieux.
Je veux m’entraîner comme eux, courir comme eux… Et m’alimenter comme eux.
Alors je commence à “me reprendre en main”.
Fini les “cochonneries” : coca, barres de céréales, biscuits.
Je mange moins, je me limite à des aliments “santé”.
Et j’ai faim. Très souvent.
Ma dépense calorique explose, je cours 6 fois par semaine contre 3 fois auparavant.
Mais je mange moins.
Je me souviens revenir d’un cross le dimanche à 14h avec l’estomac qui fait le bruit d’une baleine et me jeter sur… des carottes râpées et de salade.
Je viens de vérifier : 100g de carottes râpées, c’est 65kcal.
J’aurais pu manger un potager entier de carottes, ça n’aurait jamais suffi à compenser mes dépenses caloriques du jour.
Avec du recul, je réalise que j’avais une vision totalement biaisée de l’alimentation des coureurs qui m’entouraient.
Je supposais qu’ils mangeaient sainement parce qu’ils mettaient parfois leurs repas en story Instagram ou qu’ils en parlaient à l’entraînement…
Mais ça n’est pas du tout un bon indicateur !
Tu ne peux pas savoir comment quelqu’un mange avant d’avoir vraiment mis le nez dans ses placards.
Tout le monde peut mettre un Poke Bowl en story Insta à midi et s’envoyer 3 tartines au Nutella au goûter 3h plus tard.
Depuis, pas mal de choses ont changé.
J’ai grandi, je me suis intéressé plus en profondeur à ce sujet, je suis devenu entraîneur.
Et ce que j’ai découvert me confirme que je faisais totalement fausse route.
Le plus gros tabou de la course à pied :
46.7% des athlètes souffrent d’un trouble du comportement alimentaire clinique selon cette étude (contre 5% à 10% de la population générale).
Parmi ces athlètes, ceux pratiquant un sport qui met l’accent sur l’atteinte et le maintient d’un poids faible sont les plus touchés (les danseurs, les coureurs, les nageurs, etc.)
Une autre étude a mesuré que les troubles du comportement alimentaire étaient plus fréquents chez des coureuses britanniques que chez leurs homologues kényanes, laissant pensé que le problème n’est pas tant la course à pied que la culture qui l’entoure.
Maxime Lopes du blog Runwise a fait une petite enquête sur 586 coureurs qui suivent son contenu et les résultats sont flippants :
65,9% d’entre eux se sentent coupables après un repas :
75,7% pensent aux calories qu’ils brûlent en courant :
Je suis prêt à parier que ces coureurs ont entendu le même genre de remarques que moi autour d’eux ou sur Internet :
“Un coureur, c’est mince”, “Tu as de trop gros mollets”, etc.
Prises individuellement, ces remarques ne sont pas bien méchantes.
Mais lorsqu’elles sont hebdomadaires ? Qu’elles viennent de personnes que tu prends comme modèle ?
Ça conduit à des dérives dangereuses.
Le vrai danger : le déficit calorique
Jusqu’en septembre 2022 et ma rencontre avec mon coach actuel, je n’avais presque jamais entendu parler du concept de “Déficit calorique”.
Si c’est aussi ton cas, je fais simple : tu es en déficit calorique à partir du moment où tu brûles plus de calories que tu en ingères.
Avec du recul, je pense que j’ai vécu comme ça pendant la totalité de mon année en club d’athlétisme.
Et si tu fais du sport, c’est pas terrible.
Mais genre, vraiment pas terrible. En fait, on parle :
Perte de poids
Intolérance au froid
Anxiété
Dépression
Dysmorphophobie (vision déformée de ton propre corps et de tes défauts physiques)
Hypotension
Trouble du cycle menstruel chez les femmes
Anémie
Fractures
Faire croire à un sportif que la solution pour progresser est de moins manger pour perdre du poids, c’est l’exposer à tout ça.
Pourquoi est-ce que tu manges ?
On mange en général 3 fois par jour. Ça fait minimum 21 repas par semaine.
Je sais pas toi, mais j’ai pas envie de m’infliger 21 punitions par semaine.
La course à pied, c’est un plaisir.. Mais c’est un plaisir laborieux.
Si en plus de ça tu fais de tes repas une contrainte, quand est-ce que tu as le droit d’être heureux ?
Le soir quand tu te poses devant Netflix ?
Ah non, ça aussi c’est mal ! Tu ferais mieux de livre un bouquin de développement personnel, ça te ferait du bien.
Tu vois où je veux en venir ?
Pendant un temps, je prenais même en photo mes repas avec une application qui mesurait l’apport en protéines, glucides, lipides, etc.
J’ai tenu 3 semaines avant de péter un câble.
Peser ses aliments, faire des calculs dans sa tête à chaque repas… J’ai pas envie de vivre comme ça.
L’alimentation, c’est pas juste un moyen de te nourrir et d’être plus performant.
Surtout en France 🥖
Manger, c’est partager un moment avec tes amis, se réunir en famille, se faire plaisir quand t’en as envie.
Aujourd’hui je mange en quantité, de tout, sans me priver.
Quand j’ai envie de manger un biscuit, j’ouvre mon placard et je mange un biscuit.
Si j’ai envie de manger des légumes, je mange des légumes.
Si j’ai faim à 18h, je mange. Peu importe que ce ne soit pas l’heure du dîner, je fais une petite collation et je mange à nouveau 2h plus tard.
J’ai beaucoup moins de “sugar cravings” depuis que j’ai un rapport plus apaisé à ce que je mange.
Et le plus important : je progresse beaucoup plus et je me blesse beaucoup moins depuis que j’ai accepté de me foutre la paix sur ce que je mange.
Tout ça te paraît peut-être éloigné de ta réalité parce que tu es débutant ou que tu fais peu de sport.
Et bien sûr, tu dois adapter ces conseils à ton niveau d’activité physique.
Mais je pense que tout le monde gagnerait à prendre de la distance avec les conseils trop radicaux.
Renseigne-toi.
Ne sois pas trop dur avec toi-même.
La vie est trop courte pour ne pas prendre de plaisir à table.
Vive la course, à la semaine prochaine !
Merci pour le p'tit rappel coach (et trop stylée ta nouvelle signature email 😱)